dimanche 29 mars 2015

L'Étranger, Albert Camus



Synopsis

"Quand la sonnerie a encore retenti, que la porte du box s'est ouverte, c'est le silence de la salle qui est monté vers moi, le silence, et cette singulière sensation que j'ai eue lorsque j'ai constaté que le jeune journaliste avait détourné les yeux. Je n'ai pas regardé du côté de Marie. Je n'en ai pas eu le temps parce que le président m'a dit dans une forme bizarre que j'aurais la tête tranchée sur une place publique au nom du peuple français..."

~*~

Hier j'ai découvert Camus.

J'ai dix-neuf ans et je lis pour la première fois du Albert Camus de ma vie. Pour excuses, je tenterais de dire que ce n'est que concours de circonstances. Au collège, on ne nous a jamais fait manger du Camus, je n'y ai jamais penser. Je ne pense pas que j'aurais pu saisir l'ampleur d'un tel livre à cette époque de toute manière. J’ai passé mon lycée à me préparer pour une carrière scientifique (maths mATHS MATHS MIAM MIAM *s’enfuit en hurlant*), au détriment d'une culture générale qui me paraît aujourd'hui essentielle. Et, durant ma première année dans le supérieur... Eh bien, je n’étais pas d’humeur à faire autre chose que dormir.

Alors, voilà, hier. Ma première fois.

~*~

Ce serait mentir de dire que j’ai aimé L’Étranger dès le début. Quand je lis, j’ai tendance à rester indifférente jusqu’à arriver au dernier mot de la dernière ligne de la dernière page du bouquin. Une fois arrivée au point final, je rembobine mon cerveau apathique et lui fait revivre l’histoire qui vient de se dérouler sous ses yeux.

Il serait également mentir de dire que l’ouverture de ce livre ne m’a pas marqué.

« Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J’ai reçu un télégramme de l’asile : « Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués. » Cela ne veut rien dire. C’était peut-être hier. »

J’ai d’abord été étonnée, parce que c’était exactement l’humour et les traits d’esprits que j’apprécie d’ordinaire. Et j’avoue que le « Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas » continue de hanter mes pensées (alors que le livre est bourré de citations qui pourraient sembler plus captivantes). Cette entrée en matière donne le ton au reste du livre. Nous sommes dans un univers absurde, où chaque « pourquoi ? » est suivi d’une « je ne sais pas » ou bien d’une réponse d’autant moins clair et logique. Et ce monde absurde ressemble à s'y tromper au notre.

Le personnage principal, Meursault, est fascinant. Distant, insensible, amorale, apathique. Meursault est simplement spectateur de sa propre vie (« L’étranger », hein ? I see what you did there, Camus). C’est finalement le pied à l’échafaud, c’est finalement à ce moment-là que Meursault laisse ses émotions et ses pensées couler à flots dans une tirade qui sera sûrement sa toute dernière. Son discours, percutant de sincérité, ne laisse pas indifférent. C'est le point culminant de toute l'histoire, j'ai envie de dire.

J’avoue avoir pleuré.
(Mais je suis une madeleine, genre la Reine des madeleines, alors bon).

Peut-être, parce que malgré tout, Camus a su créé un personnage humain, bien que les autres le dépeignent comme un homme froid, un criminel haït par tous, un monstre. La vérité, c’est que Meursault n'est pour moi qu'un enfant, naïf, inconscient de lui-même et de ce qui l’entoure. Meursault n’est pas une bonne personne, loin de là. Ce n’est pas une mauvaise personne non plus.

La différence est que Meursault a fait de mauvaises choses mais qu’il n’est pas mauvais. Meursault, c’est un peu nous tous, en fait.

~*~

L’Étranger d'Albert Camus se révèle être étonnamment moderne, par sa vision du monde, ses personnages, ce style d'écriture simple et percutant si apprécié de nos jours, et ces sujets abordés qui continuent de mettre mal à l'aise aujourd'hui comme il y a 70 ans,

J'ai apprécié ce livre, et au final je suis satisfaite de ne l'avoir lu que maintenant plutôt que dans un cadre scolaire, qui m'aurait assurément ôté tout enthousiasme pour cette lecture.

★★★★★

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